Atelier sur les mécanismes biophysiques de
l'audition
Section sur les aspects physiques de la propagation du
son
Qu'est-ce qu'un son ?
D'un point de vue quantitatif, un son est ce qui est produit par la
vibration d'un objet. Il se propage sous la forme d'une onde sonore. Sur
le plan qualitatif, on dit qu'un son est la sensation que procure l'onde
sonore lorsqu'elle est entendue.
Qu'est ce qu'une onde sonore ?
Le mécanisme physique qui permet l'existence de sons est le
phénomène qui consiste en une variation (très infime)
de pression ou de densité. Une onde sonore (ou onde acoustique)
est produite chaque fois qu'une variation de pression est créée.
L'onde sonore est alors composée de zone de compression (la densité
des particules dans un espace donné devient plus élevée)
(C) et de raréfaction (la densité des particules dans un
espace donné diminue) (R) qui se propagent dans le milieu porteur
(air, eau, solide, …). Cette image illustre le phénomène
:
On voit que les zones de compression correspondent à
des régions où les particules sont rapprochées, alors
que les zones de raréfaction sont celles où les particules
sont plus éloignées les unes des autres.
Comme les milieux où se propagent les sons sont constitués
d'atomes et de molécules, ce sont les mouvements de ces particules
qui créent les zones de raréfaction (diminution de la pression)
et de compression (augmentation de la pression). Si, par exemple, l'instrument
qui génère le son au départ est un tambour, on aura
alors la création de l'onde acoustique de cette façon : la
peau du tambour, parce qu'elle est frappée, se met à vibrer.
Les vibrations de la surface du tambour sont communiquées aux particules
d'air environnantes. Chaque fois que la surface du tambour pousse
sur l'air, il se crée une zone de compression, et chaque fois que
la surface du tambour recule, une zone de raréfaction dans
l'air est créée. Chacune de ces zones, par communication
de proche en proche des vibrations des particules, se propagera donc dans
le milieu. C'est pour cela qu'on dit qu'il n'y a aucun son dans le vide
: il n'existe pas de milieu porteur, pas de particules pour communiquer
les vibrations…
Souvent, on illustre la façon dont se propage le son dans l'air
en comparant l'onde acoustique à une ondelette formée à
la surface de l'eau lorsqu'on lance une roche. Chaque crête dans
la vague circulaire créée correspondrait à une zone
de compression, alors que chaque creux correspondrait à une zone
de raréfaction. Soulignons cependant que cette analogie doit être
utilisée prudemment. En effet, l'onde qui se propage à la
surface de l'eau est une onde transversale, alors que le son constitue
une onde longitudinale. Un exemple d'onde longitudinale peut être
donné en utilisant un long ressort qu'on tend et auquel on transmet
une impulsion à l'une de ses extrémités. Cette impulsion
se propage longitudinalement dans le ressort, comme une zone de compression
se propage dans l'air. Enfin, il faut mentionner que le son se propage
dans l'espace, donc dans toutes les directions et pas sur une surface ou
le long d'une droite, comme ces exemples tendent à le laisser supposer.
Quelle est la vitesse du son ?
On s'entend habituellement pour dire que la vitesse du son dans l'air
est de 330 m/s (ce qui est très peu comparativement à la
vitesse de la lumière, qui est de 300 000 km/s ; et c'est grâce
à cette différence qu'on peut évaluer la distance
entre nous et un orage en comptant le temps qui s'écoule entre le
moment où on voit l'éclair et celui où on entend le
tonnerre !). Par contre, plusieurs facteurs peuvent influencer cette vitesse.
Si on considère que l'air est un milieu assez homogène, et
qu'il s'apparente avec ce que, en chimie, on appelle un gaz parfait,
on peut dire que la vitesse du son dans un milieu gazeux est donnée
par :
où γ est le coefficient de compression
adiabatique1 , donné par le rapport des chaleurs spécifiques,
R est la constante des gaz parfaits, T est la température et M la
masse molaire. Dans le cas de l'air ambiant, on a les valeurs suivantes
:
1 Une transformation adiabatique est une transformation
sans échange de chaleur avec l'extérieur.
2 L'air qui compose notre atmosphère est principalement
constitué de molécules diatomiques (N2). Pour
un gaz diatomique, les chaleurs spécifiques à volume constant
(Cv) et à pression constante (Cp) sont Cv=3/2R
et Cp=7/2R, d'où γ = Cp/Cv
= 7/5 = 1.4.
3 La masse molaire est la masse d'une mole de la substance
étudiée. Les masses molaires du diazote, du dioxygène
et du dioxyde de carbone étant respectivement de 28.013 g/mol, 31.999
g/mol et 44.010 g/mol, et sachant que l'atmosphère est principalement
composée d'azote, on prend comme masse molaire de l'air ambiant
la valeur de 29 g/mol.
La dernière des variables est donc la seule qui
influe la vitesse du son dans l'air. La température doit être
prise en Kelvin (0 °C = 273.15 K). À 0 °C, on peut alors
calculer la vitesse suivante pour le son :
À 25 °C, on a aussi que vson=345
m/s.
L'influence de la température sur la vitesse du son est expliquée
par le fait qu'on peut considérer que la transmission de
l'état de vibration de particule en particule est en fait un transfert
d'énergie, et l'énergie des molécules est supérieure
à une température plus élevée (chaleur →
agitation thermique → énergie). L'état de vibration
des molécules est alors communiqué plus rapidement, d'où
l'augmentation de la vitesse du son avec l'augmentation de la température.
Note : on dit souvent que la vitesse du son est indépendante
de la pression atmosphérique, mais dépend de la densité.
Comme la densité est reliée à la pression atmosphérique
par la loi des gaz parfaits, l'assertion précédente n'est
pas exacte. Par contre, on néglige la plupart du temps ces facteurs
lorsqu'on travaille dans un milieu gazeux. Si nous voulions être
vraiment rigoureux, il faudrait tenir compte de ces facteurs, mais le calcul
de la vitesse du son dans le milieu devient alors une tâche trop
ardue pour ce que l'on vise ici. Il est par contre intéressant de
noter qu'une onde acoustique se propagera plus rapidement dans un milieu
moins dense. Un autre facteur influençant la vitesse de propagation
du son est l'élasticité du milieu porteur. L'élasticité
est définie comme la tendance qu'a un matériau à maintenir
sa forme et à ne pas se déformer. L'acier est donc un matériel
rigide avec un module d'élasticité très élevé.
Un milieu ayant ces propriétés est constitué d'atomes
interreliés, donc qui transmettront rapidement l'énergie
véhiculée par l'onde sonore. Ceci conduit donc au constat
suivant :
v solide > v liquide > v gaz
Voici une table qui indique la vitesse du son dans différents
milieux :
Bois
|
3400 m/s
|
Eau (15°C)
|
1400 m/s
|
Béton
|
3100 m/s
|
Acier
|
5000 m/s
|
Plomb
|
1200 m/s
|
Verre
|
5500 m/s
|
Quelle est l'influence du vent sur la propagation du
son ?
Le vent est un mouvement global des particules qui composent une masse
d'air. Lorsqu'une onde sonore est communiquée à une telle
masse d'air, la vitesse de propagation n'est pas influencée par
le vent, malgré l'impression qu'on pourrait avoir. Le vent ne jouera
un rôle que sur la détermination de la distance jusqu'à
laquelle le son pourra être entendu. En effet, le son perd de son
intensité inversement à la distance au carré, parce
que l'énergie qui est transmise de particule en particule diminue
avec la distance (dissipation de l'énergie, etc.). Le vent, puisqu'il
impose un mouvement à la masse d'air qui transporte le son,
n'agira pas sur la vitesse du son, mais permettra de diminuer la dissipation
énergétique, de sorte que si un son est émis dans
le vent, il pourra être entendu plus loin, alors qu'un son émis
contre le vent perdra son énergie sur une distance plus courte,
ce qui implique que le son ne sera pas entendu sur une distance aussi grande
que s'il y avait eu absence de vent.
Est-ce que l'humidité de l'air influence la
vitesse du vent ?
Lorsqu'on parle d'une journée qui est humide, cela signifie
qu'il y a beaucoup de vapeur d'eau contenue dans l'air ambiant. Si on revient
sur la formule qui permettait de calculer la vitesse du son dans l'air,
on doit alors considérer une modification de M (la masse molaire).
Elle est normalement évaluée à 29 g/mol, mais lorsque
l'air se charge de vapeur d'eau, il faut considérer l'influence
de la masse molaire de l'eau sur M. Puisque cette masse molaire est de
18,0 g/mol pour l'eau, M diminuera donc un peu, ce qui impliquera que la
vitesse du son augmentera légèrement. C'est entre autres
pour cela que lors des journées d'été qui sont très
pesantes parce que très humides, on entend les tondeuses
à gazon de voisins qui demeurent à plusieurs pâtés
de maisons de chez nous, alors que d'autres journées moins humides,
on n'entend rien !
Section sur les aspects physiques de la propagation du
son
Qu'est-ce qu'une pression ?
Une pression est une force qui est exercée sur une surface.
La pression acoustique est donc la pression qui est exercée sur
une surface par une onde acoustique (onde sonore). C'est cette pression
qui fait vibrer notre tympan, donc qui nous permet d'entendre les sons
qui nous entourent. L'unité de pression utilisée dans le
SI est le pascal. Cela correspond à une pression de 1 Newton sur
une surface de 1 mètre carré. L'oreille humaine, jeune et
en santé, est sensible à des variations de pression de 0.00002
Pascal. Les sons que nous entendons pouvant créer des pressions
jusqu'à 20 Pascals (réacteur d'avion), on utilise une échelle
différente des Pascals pour mesurer la pression acoustique.
Qu'est-ce que l'échelle des décibels
?
L'échelle des décibels est une échelle logarithmique
qui est utilisée pour pouvoir exprimer les pressions acoustiques
perceptibles sur une étendue moins importante qu'avec l'écriture
en Pascal. Lorsqu'on parle de pression acoustique en décibel, il
faut plutôt parler de niveau de pression acoustique. L'échelle
des décibels est aussi utilisée pour parler de niveau de
puissance acoustique.
La pression acoustique, c'est…
La pression acoustique est la différence de pression entre la
pression créée par une onde sonore et la pression au repos.
Un coup léger exercé sur la membrane d'un tambour ne fera
se déplacer la surface que sur une petite distance, ne provoquant
qu'une petite variation de pression, alors qu'un coup plus fort créera
une perturbation plus grande, donc une variation de pression plus élevée.
L'importance de la variation de la pression a une incidence directe sur
l'intensité du son. D'un point de vue physiologique, la perception
d'une variation de pression importante signifie que le son est fort. Par
contre, il ne faut pas confondre l'idée de pression acoustique avec
l'idée d'intensité sonore. Les idées de pression,
puissance et intensité acoustiques seront explicitées plus
loin. Le seuil de perception d'une variation acoustique de l'oreille étant
de 0.00002 Pascal, on prend cette pression comme référence
lors du calcul du niveau de pression acoustique. Le niveau de pression
acoustique (Lp) s'obtient de la façon suivante :
avec p0 = 0.00002 Pascal.
Ainsi, exprimé en décibel, le seuil de perception devient
0 dB.
Échelle de quelques approximations
de niveaux
de pression acoustique |
Chambre muette
|
5 dB
|
Résidence tranquille
|
30 dB
|
Conversation normale
|
40 dB
|
Musique douce
|
50 dB
|
Conversation vive
|
60 dB
|
Rue bruyante
|
80 dB
|
Camion diesel
Aspirateur |
90 dB
|
Tondeuse à gazon motorisée
|
100 dB
|
Spectacle d'un groupe rock
Marteau piqueur
Alarme |
110-120 dB
|
Avion à réaction
|
150-160 dB
|
Arme à feu
|
170 dB
|
Le seuil de douleur de l'oreille humaine est évalué
autour de 120-130 dB.
Il est important, ici, de noter que les niveaux de pression acoustique
ne s'additionnent pas : ce sont les pressions qui s'additionnent. Ainsi,
la somme des niveaux de pression acoustique correspondant à 50 dB
et à 60 dB est de 63,4 dB.
La puissance acoustique, c'est…
La puissance acoustique correspond à la quantité d'énergie
qui est transférée de la source au milieu environnant en
une seconde. Comme pour la pression acoustique, on utilise l'échelle
des décibels pour informer sur le niveau de puissance acoustique
(Lw). Le seuil de perception, donné en puissance acoustique,
étant de 10-12 Watt, on a alors :
avec P0 = 10-12 W.
Il faut remarquer que seules les puissances s'additionnent.
L'intensité sonore, c'est…
L'intensité acoustique (ou intensité sonore) est la quantité
d'énergie qui traverse une surface perpendiculaire à la direction
de propagation de l'onde acoustique en une seconde. L'unité de mesure
de l'intensité acoustique, dans le système international,
est le Watt/m2. Encore une fois, on utilise habituellement le
niveau d'intensité acoustique pour quantifier l'intensité.
L'équation qui permet d'exprimer le niveau d'intensité acoustique
(LI) (en dB) est :
avec I0 = 10-12 W/m2.
Encore ici, on attire l'attention sur le fait que seules les intensités
s'additionnent. C'est l'intensité acoustique que les appareils mesurent
en acoustique.
Quels sont les liens entre la pression acoustique,
la puissance acoustique et l'intensité ?
Le lien qui unit ces trois éléments s'exprime avec ces
deux équations :
où p est la pression en pascal, r la masse volumique
en kg/m3, I l'intensité en W/m2 et v la vitesse
du son dans le milieu en m/s. (Lorsque le milieu est l'air, on peut considérer
que r = 1,2 kg/m3.)
avec P la puissance acoustique de la source en W, R la
distance à la source en m et I l'intensité acoustique mesurée
à la distance R de la source en W/m2.
La raison qui justifie la présence du facteur 4p dans la seconde
équation provient du fait que l'onde sonore rayonne dans toutes
les directions depuis la source. Cette équation contient également
le fait que l'intensité du son diminue de façon inversement
proportionnelle au carré de la distance.
L'oreille n'entend pas tous les sons de la même
façon.
Parce que l'oreille est plus sensible à différentes fréquences
(c'est ce qui détermine la hauteur d'un son, à savoir s'il
est plus aigu ou plus grave), les appareils qu'on utilise pour mesurer
l'intensité acoustique, appelés sonomètres, sont parfois
munis de filtres (A, B, C ou D) de pondération, qui permettent de
corriger la mesure en décibel obtenue. On parle alors de dB(A),
dB(B)… On peut ainsi prendre en considération la sensibilité
de l'oreille aux différents sons pour effectuer des mesures plus
justes.
Section sur les caractéristiques d'un son
Quelles sont les caractéristiques d'un son ?
On s'entend habituellement, en physique comme en musique, pour dire
que le son peut être caractérisé par trois grandeurs
: sa fréquence (ou hauteur), son intensité (ou amplitude)
et son timbre (en musique, on parle aussi parfois de sa durée).
L'intensité étant la même chose que ce que nous avons
appelé l'intensité acoustique ou l'intensité
sonore, on ne reviendra pas sur ce sujet.
Qu'est-ce que la fréquence ?
La fréquence est une mesure reliée à la longueur
de l'onde acoustique et à sa période. La longueur d'onde
λ est la longueur entre deux creux (ou deux crêtes) d'une
onde.
Comme on parle d'onde sonore, on peut donc aussi trouver
la longueur d'onde d'un son, qui correspond à la distance entre
deux zones de raréfaction (ou deux zones de compression). Plus un
son est grave, plus sa longueur d'onde est élevée, alors
que plus un son est aigu, plus sa longueur d'onde est courte. La période
P est le temps que prend l'onde pour se déplacer d'une longueur
égale à sa longueur d'onde. Si l'on parle du mouvement des
molécules d'air, c'est le temps entre le début du mouvement
de la molécule et celui où elle retourne dans le même
état que celui qu'elle avait initialement. Enfin, la fréquence
f est l'inverse de la période, c'est-à-dire le nombre d'oscillations
de l'onde par unité de temps (normalement, on parle de x oscillations
par seconde, donc l'unité de la fréquence est 1/s, qu'on
appelle le Hertz). On peut alors établir les deux équations
suivantes :
L'oreille humaine est capable de percevoir des sons qui
vont environ de 20 Hz (Hertz) à 20 000 Hz. Les sons ayant une fréquence
plus basse que le seuil d'audibilité sont appelés infrasons,
alors que ceux dont la fréquence est plus élevée que
20 000 Hz sont appelés ultrasons. Les sons qui ne sont pas perçus
par les humains le sont par certains animaux. Dans les animaleries, on
vend entre autre des sifflets à ultrasons pour les chiens. Voici
une échelle approximative des fréquences perçues par
certains animaux :
Animal
|
Fréquence minimum
|
Fréquence maximum
|
Homme
|
20 Hz
|
20 000 Hz
|
Chien
|
50 Hz
|
45 000 Hz
|
Chat
|
45 Hz
|
85 000 Hz
|
Chauve-souris
|
~
|
120 000 Hz
|
Dauphin
|
~
|
200 000 Hz
|
Éléphant
|
5 Hz
|
10 000 Hz
|
Une personne ayant l'oreille musicale est capable
de distinguer deux sons dont la différence n'est que de 2 Hz, alors
qu'une oreille moins exercée distinguera deux sons à partir
d'un écart de fréquence de 7 Hz. Cette distinction est possible
parce que la personne percevra une superposition et une interférence
des sons. Certaines superpositions de sons sont plus agréables que
d'autres, et on dit alors qu'elles sont consonantes. On y reviendra plus
loin.
En musique, la fréquence qui sert de référence
est celle du diapason (petit instrument en forme de U qui, lorsqu'il est
frappé, produit un son pur). Un son pur est un son qui n'est composé
que d'une seule fréquence. On l'appelle aussi son fondamental.
La période du son du diapason est de 2,27 millisecondes, correspondant
à une fréquence de 440 Hz, et à la note la.
Qu'est-ce que le timbre ?
Si un la joué par un violon et le même la
joué par un piano n'ont pas le même son, c'est parce que le
timbre de ces deux sons n'est pas le même. Ce qui caractérise
le timbre d'un son, c'est la présence d'harmoniques accompagnant
la fréquence principale. Une harmonique est un son dont la fréquence
est un multiple entier de la fréquence fondamentale. Ainsi, le la
à 440 Hz (qu'on appelle le la3) et le la
à 880 Hz forment une harmonique de rapport 2 :1 (880 :440). Les
instruments de musique produisent plusieurs harmoniques lorsqu'on en joue.
La fréquence de base étant la note avec la plus haute amplitude
(l'intensité la plus grande), on peut reconnaître la note
jouée, mais chaque instrument produit un schéma d'harmoniques
différentes. Si on appelle f la fréquence de base et 2f,
3f, 4f, 5f, etc. les harmoniques de la fréquence de base, on peut
observer que l'intensité des harmoniques varie selon les instruments,
et que les harmoniques rapprochées de f sont plus intenses. C'est
cette signature qui permet de reconnaître l'instrument qui
a produit un son. La fréquence de base correspond alors à
la note jouée, et les harmoniques donnent la couleur au son que
produit chacun des instruments.
Et si on parlait un peu musique ?
Chacune des notes de la gamme de référence (qui contient
le la3 du diapason) a une fréquence bien précise
:
Note
|
Do3
|
Do#
Réb |
Ré
|
Ré#
Mib |
Mi
|
Fa
|
Fa#
Solb |
Sol
|
Sol#
Lab |
La3
|
La#
Sib |
Si
|
Do4
|
Fréquence (Hz)
|
261.6
|
277.2
|
293.7
|
311.1
|
329.7
|
349.2
|
370.0
|
392.0
|
415.3
|
440.0
|
466.2
|
493.9
|
523.2
|
Cette gamme, qu'on appelle gamme tempérée
(ou chromatique), est composée de 12 demi-tons (donc 6 tons, le
premier étant le Do3). Le Do4 commence une
nouvelle gamme. On attire ici l'attention sur le fait que les tons correspondent
parfois à une note à laquelle un dièse (#) ou un bémol
(b) a été attribué (par exemple, Fa#
correspond à un ton).
L'oreille est sensible aux rapports (dans le sens mathématique
du terme !) qui existe entre deux notes jouées de façon simultanée
ou consécutive. Ce qui fait qu'un son ou qu'une suite de sons soit
agréable découle donc des rapports entre les notes jouées.
On dit que la distance en fréquence qui sépare deux notes
est l'intervalle, et certains de ces intervalles répondent à
des rapports précis de fréquences :
Intervalle
|
Rapport de fréquence
|
Exemple de fréquences (Hz)
|
Octave
|
2 :1
|
523.2 :261.6 (Do4 :Do3)
|
Tierce majeure
|
5 :4
|
327 :261.6 (Mi :Do3)
|
Tierce mineure
|
6 :5
|
313.9 :261.6 (Mib :Do3)
|
Quarte
|
4 :3
|
349.2 :261.6 (Fa :Do3)
|
Quinte
|
3 :2
|
392.0 :261.6 (Sol :Do3)
|
On remarque, dans ce tableau, que certaines fréquences
ne correspondent pas exactement à la fréquence pure
de la note considérée. Cela est causé par le fait
qu'un instrument de musique est souvent accordé par la justesse
des notes perçues par le musicien plutôt qu'avec un fréquencemètre.
Par exemple, les pianos sont souvent accordés de telle sorte que
le rapport de la tierce majeure soit de 1259 :1000 plutôt que 1250
:1000. De plus, l'oreille peut être tolérante pour certains
rapports, acceptant leur fonction même s'ils ne sont pas tout à
fait juste. Encore là, tout comme pour les harmoniques, ces caractéristiques
viennent simplement donner une couleur différente au son produit.
On donne alors les définitions suivantes aux intervalles déjà
rencontrés, pour tenir compte de ces petites imperfections
:
Intervalle
|
2 notes séparées par
|
Octave
|
6 tons
|
Tierce majeure
|
2 tons
|
Tierce mineure
|
1 ton et demi
|
Quarte
|
2 tons et demi
|
Quinte
|
3 tons et demi
|
Et la théorie musicale ajoute aussi
|
Seconde majeure
|
1 ton
|
Seconde mineure
|
1 demi-ton
|
Sixte majeure
|
4 tons et demi
|
Sixte mineure
|
4 tons
|
Septième majeure
|
5 tons et demi
|
Septième mineure
|
5 tons
|
Enfin, si on revient sur l'idée de consonance avec
à l'esprit les différents intervalles, on aura différentes
consonances :
• parfaite dans le cas de l'octave et de la quinte ;
• imparfaite pour la sixte et la tierce ;
• et mixte pour la quarte.
Cela découle en grande partie de la présence de la même
harmonique dans deux sons. Ainsi, si on regarde ce qui se passe lorsqu'on
a un octave, on remarque que la première harmonique de la note la
plus basse correspond exactement à la seconde note de l'octave (puisque
le rapport est 2 :1). Et toutes les harmoniques subséquentes sont
des attributs de chacune de ces deux notes, d'où la perception qu'on
a de l'harmonie des deux notes entre elles. Si on regarde par contre deux
notes d'une tierce mineure (5 :6), par exemple 500 Hz et 600 Hz, on a les
harmoniques suivantes pour la première :
1000, 1500, 2000, 2500, 3000, …
et celles-ci pour la seconde :
1200, 1800, 2400, 3000, …
La première des harmoniques qui concorde (3000 Hz) est beaucoup
moins importante en intensité que les autres harmoniques, d'où
une perception d'un accord moins parfait entre ces deux notes lorsque jouées
simultanément ou consécutivement.
La théorie musicale regorge d'autres éléments comme
ceux-ci (harmoniques, intervalles), mais ce n'est pas le but de développer
ici plus encore ce sujet.
|